L'éternel retour de Winona Ryder
A 48 ans, l’idole des 90’s a réussi à renaître de ses cendres grâce à la série phénomène de Netflix, Stranger Things puis à The Plot Against America. Pourquoi cette beauté étrange et fascinante aux nombreux troubles psychiques nous avait tant manqué.
C'est une icône transgénérationnelle
Pour les filles qui ont grandi dans les années 90 en portant un jean neige déchiré, Winona incarne la coolitude suprême. D'abord, parce qu'elle avait réussi à ferrer le beau gosse rebelle de l'ère grunge, Johnny Depp. Leur amour fusionnel avait même conduit l'acteur à se faire tatouer « Winona forever » sur le bras avant de le changer pour Kate Moss en « Wino forever » (soit « poivrot pour toujours »). C'était aussi la seule actrice hollywoodienne capable de porter une robe à 10 euros achetée en fripes aux Oscars ou des derbies avec un t-shirt de groupe au milieu des sirènes en robes strassées. La petite fiancée gothique de l'Amérique ressemble à la meilleure amie rêvée. D'ailleurs elle vit en colocation avec Gwyneth Paltrow et sympathise avec la difficile Courtney Love qui clame à l'époque : « tu n'es personne dans la musique si tu n'as pas couché avec Winona Ryder et que tu ne t'es pas disputé avec moi ». Car comme la plupart des égéries anticonformistes, la brune vouait un penchant aux rock stars. Pour les millenials qui la découvrent dans Stranger Things, le mythe reste intact. L’actrice lunaire au teint diaphane représente la maman /grande sœur idéale, avec son éternelle silhouette d'ado tomboy, son anxiété touchante et ses grandes yeux noirs ultra expressifs. Vengeance ultime ? Son ex, Johnny, traverse moins bien l'épreuve du temps...
Elle sait s’entourer
Enfant déjà, ses parents (des intellos proches du milieu de l'édition) fréquentaient des figures de la contre-culture comme le gourou du L.S.D Timothy Leary, parrain de Winona, l'artiste phare de la beat generation, Allen Ginsberg ou l'écrivain d'avant-garde Philip K. Dick. Plus tard, après avoir vécu dans une communauté hippie sans électricité mais avec beaucoup de livres, elle ne tournera qu’avec les meilleurs. Mademoiselle Ryder est dirigée par Tim Burton, Francis Ford Coppola, Jim Jarmusch, Martin Scorsese, Woody Allen et Al Pacino. Celle qui était jugée trop androgyne, bizarre et pas assez jolie à ses débuts refuse également de nombreux rôles, notamment le Parrain 3 de Coppola ou un film dans les années 80 avec Keanu Reeves pour lequel elle avait le béguin à l’époque. La raison ? Ses parents ne voulaient pas que leur ado tourne aussi jeune une scène de sexe. On est loin de la mère de Kim Kardashian qui aurait selon une rumeur persistante conseillé à sa fille de tourner une sex-tape pour devenir célèbre…Mais cette attitude low-profile séduit. Et Winona devient même l'égérie mode et beauté de Marc Jacobs dans les années 2000.
Elle est sans filtre
Dans l'un de ses premiers grands rôles, le Beetlejuice de Tim Burton, la teenager mal dans sa peau porte ses propres vêtements : de couleur noire comme son âme tourmentée. Elle y interprète Lydia, une jeune fille qui voit des fantômes et fait craquer le méchant du film, ainsi que tous les spectateurs émus par sa grâce sombre, hommes et femmes. Plus tard, celle qui doit son prénom à une légende amérindienne tragique (la Princesse Winona s’est jetée du haut du Maiden Rock dans le comté de Pierce pour éviter de se marier à un prétendant pas à son goût) choisit des rôles qui lui ressemblent. De l'ado impopulaire vengeant les freaks du lycée (Fatal Games) à la fille intelligente trop sensible et maladroite (Generation 90) en passant par l’amoureuse transie éprise d'une créature de la nuit (Dracula) et la névrosée marginale limite hystérique qui finit internée (Une vie volée), on a l'impression de voir un miroir de la vie de l'actrice. Fragile, accro aux médicaments, dépressive, cleptomane - son vol en 2001 de sapes de luxe dans un grand magasin de Beverly Hills a bien failli lui coûter sa carrière à Hollywood - Winona n'hésite pas à confier ses failles dans ses interviews. Elle a même séjourné en hôpital psy quand ce bad boy de Johnny l’a quittée et ne s'en cache pas. Bref Winona, c'est un peu l’anti Snapchat : une personnalité sans fard, ni filtre. D’ailleurs elle déteste Internet, n’a pas Facebook, ni Instagram et ignore ce que Snapchat signifie. Sa jeune partenaire de 12 ans de Stranger Things, Millie Bobby Brown, a révélé que l'icône 90's croyait que l’application qui crée des têtes de chien et des couronnes de fleurs était en fait une marque de chips. On like.
Violaine Schütz
Texte d'abord paru sur Glamourparis.com qui a désormais fermé ses portes.
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