J’ai toujours rêvé d’être un jour Buffy Summers
Buffy et son pieu phallique : un symbole de domination ?
Vous vous souvenez des romans dont vous êtes le héros de l'enfance ? Ces pavés de 400 pages de SF dans lesquels on naviguait, le cœur haletant, pendu à notre crayon à papier. Et bien il y a quelques années l’écrivain Chloé Delaume s’est plongée dans cette aventure en délivrant une version adulte de cette littérature participative. Ce qui donnait “La nuit je suis Buffy Summers” (sans doute l'un des plus meilleurs titres de livres de tous les temps).
L’intrigue a lieu dans un hôpital psychiatrique. Vous êtes une pauvre folle qui cherche qui elle est. Et personnellement je suis morte au bout d’une heure, après m’être fait traitée de téléphage et agressée par 10000 monstres ultra puissants.
Mais ce titre évoquait bien un rêve récurrent. Devenir, l’histoire d’une heure ou plus, l’héroïne interprétée par Sarah Michelle Gellar dans les années 90. La série Buffy contre les Vampires a été l’une des premières séries qui m’a clouée au canapé, bien avant la mode du “Netflix & Chill”. Avec Le Prisonnier, La 4ème dimension et Twin Peaks. Pourtant à l’époque, dire qu’on regardait Buffy paraissait suspect. “Quoi le truc avec les ados qui plantent des pieux dans des créatures de la nuit, avec la petite blonde en débardeur?” Quoi, comment ça la petite blonde avec le nez retroussé ?" Ces ignorants n’avaient jamais vu un seul épisode. La création de Joss Whedon était bien plus qu’une teen récréation. Une métaphore, version démons, des obstacles que traversait chaque ado dans cette étape cruciale.
Il y avait Spike, anti-héros punk (sosie érotique de Billy Idol) et love interest inattendu de Buffy, l’amitié comme maillon fort contre les puissances du mal, une héroïne féministe en proie avec les monstres du passage à l’âge adulte. Déguisée en bimbo blonde, Buffy se battait comme une vraie guerrière, allant jusqu’à redéfinir les règles ancestrales de sa caste (les chasseuses de vampires) et de son statut d’”élue” à la fin de ses aventures.
Depuis aux États-Unis, des Buffy Studies s’évertuent à démontrer qu’il y a du Nietzsche et du Marx dans la série. Et que c’est un bon début en termes de “gender studies”. H&M a cette saison aussi sorti un sweat à l'effigie de la tueuse. Mais à l’époque de la trilogie du samedi, aimer Buffy c’était lutter seule (enfin avec ma sœur) contre tous, comme une tueuse de démons en mini robe dans la nuit noire.