Adèle Haenel est l'héroïne qu'on attendait toutes (et tous)
Adèle H... comme la puissante héroïne (avec un grand H incarnée par Adjani)... On savait à quel point Adèle était une actrice formidable, que ce soit dans les films de Sciamma ou dans Les Combattants ou encore 120 battements par minute. Bouleversante jeune fille en feu, elle savait aussi nous faire rire dans une comédie fantaisiste comme En Liberté !
Mais c'est un tout autre rôle qu'elle endosse aujourd'hui. Les actrices sont connues pour mentir à l'écran. Pourtant, c'est en disant sa vérité - son agression, mineure, et pendant des années par le réalisateur des Diables, Christophe Ruggia - dans la vraie, à Mediapart le dimanche 3 novembre, que l'actrice pourrait libérer toutes celles qui ont subi la même chose. Et aussi toutes les autres, celles qui se coltinent violemment depuis l'enfance la culture du viol. On peut aussi imaginer et espérer que les hommes, surtout ceux qui détiennent un pouvoir, se remettent enfin en question;
Parce qu'elle est puissante et reconnue, Adèle Haenel pourrait faire bouger les choses avec ses aveux courageux à la journaliste Marine Turchi (dans une enquête de 7 mois étayée par plus de 30 témoins). Qui en effet osera clamer comme ça a beaucoup été dit - et de façon terrible - pour des apprenties actrices : "Elle fait ça pour avoir le rôle ou créer le buzz."
Désormais, la honte et la peur pourraient bien changer de camp, comme l'actrice française le dit si bien dans le Media Part live diffusé par le journal d'investigation sur Youtube. Dans une lettre émouvante et forte écrite à son père (lue à haute voix), Adèle explique pourquoi il est important de briser le silence. “Comme le monde a fonctionné sans problème avec le silence des femmes depuis tellement de temps, on considère qu’on a inventé la violence faite aux femmes avec MeToo. Mais non!” dit-elle.
Sous couvert de création (le rapport du cinéaste à son actrice), beaucoup se sont cru tout permis, à l'instar de Roman Polanski. A l'ère de #metoo, d'autres ont pris la parole, et d'autres la prendront, on le souhaite de tout cœur, mais on espère surtout que le monde entendra et croira les femmes qui parlent, y compris qui n'ont jamais obtenu de César.